GROS-REDERCHING


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histoire

Le village

HISTOIRE D'UN VILLAGE

Écrire l' histoire de notre village revient à faire la synthèse des nombreuses pages éditées au sujet de la destinée de cette région frontière située " à l'extrême nord-est" de la France... situation qui vaut au Pays de Bitche le sobriquet de "petite Sibérie".

Mais bien que "redoutée" (à tort, bien sûr !) pour son climat hivernal, notre région n'a pas pour autant été épargnée par les redoutables combats, tour à tour défensifs ou offensifs ...que se livraient au fil des siècles des belligérants de toutes nations.

Objets de maintes convoitises, le pays de par sa position stratégique sur la "frontière" a vu défiler toutes sortes d'armées
plus ou moins respectueuses de l'environnement tant matériel qu'humain.

Des hordes Suédoises de la Guerre de 100 ans, aux libérateurs Américains de 1945,
la région a été profondément marquée par son passé mouvementé.

Gros Réderching suivit naturellement le destin du PAYS DE BITCHE


Situation idéale


Le village de Gros-Réderching jouit d’une situation géographique privilégiée aux portes de Sarreguemines et du Pays de Bitche alliant les avantages de la ville et les charmes de la campagne.
Gros-Réderching fait partie du canton de Rohrbach-lès-Bitche depuis 1970 et se trouve distante de 5 Km de Rohrbach, de 14 Km de Sarreguemines et de 89 Km de Metz
.


Nom et Blason



Evolution du nom du village à travers le temps :
· 1322 REDERCHINGEN
· 1550 ROEDERICHINGEN
· 1594 RIDERCHINGEN
· 1756 GROS-REDERKING
· 1763 GROS-REDERCHINGEN
· 1825 GROS-REDREKING
· 1871 GROSSREDERCHINGEN
· 1918 GROS-REDERCHING
· 1941 GROSSREDINGEN (pendant l’annexion)
· 1945 et jusqu’à ce jour GROS-REDERCHING





D’hier et d’Aujourd’hui


Gros-Réderching est mentionné pour la première fois dans les documents de l’époque en 1150.
A ce moment, il appartenait à la Seigneurie de Bitche.
La légende orale reporte la fondation du village à l’époque des invasions franques (Ve siècle de notre ère)
Réderching viendrait de Roderchingen, d’après le nom du Duc Roderich qui y aurait eu sa résidence.
En 1332, L’Abbaye de Sturzelbronn y acquit des domaines.
Durant la première moitié du XVIe siècle, le village compta 45 feux.
En automne 1578, Gros-Réderching fut ravagé par un grand incendie qui anéantit presque tout le village ; en effet, les petites maisons paysannes, la plupart construites en bois et couvertes de chaume devaient flamber comme des torches.
Les habitants réduits à la mendicité adressèrent une supplique à leur seigneur afin d’en obtenir « pour eulx et en aulmosnes quelques sommes de deniers ».
Dès le 20 novembre 1578, Jean BOCH, exerçant la charge de receveur à Bitche fut missionné pour donner « auxdits suppliants » la somme de 100 Francs et un supplément de 40 Gulden.


La Guerre de Trente Ans (1618-1648)



Les grands fléaux que furent la guerre, la peste et la famine s’abattirent presque sans interruption sur cette partie de la Lorraine durant des siècles mettant à feu et à sang des villages entiers.
La guerre atteignit des sommets vers les années 1630 lorsque 4 armées, troupes impériales et lorraines d’une part, armées suédoise et française d’autre part, s’affrontèrent dans notre région.
Les années 1635 à 1641 furent les plus calamiteuses laissant des villages détruits et des populations décimées.
La paix de 1648 ne fut qu’une trêve. Les vexations et les hostilités ne prirent fin qu’au Traité de Ryswick en 1697, date de la rétrocession de la Lorraine à son Duc.
Par la suite, notre village fut rebâti peu à peu et repeuplé par des immigrants venus des Ardennes (on peut citer les BOUVY) de la Suisse, du Tyrol.
Ces immigrants furent exemptés de tout impôt pendant 10 ans et reçurent la permission de cultiver autant de terres qu’ils pouvaient en défricher.


Gros-Réderching au XVIIIe siècle :



En 1736, François III, Duc de Lorraine échangea ses terres contre le Grand Duché de Toscane.
La Lorraine fut donnée à Stanilas LESCZINSKI, roi détrôné de Pologne et beau-père de Louis XV.
Celui-ci fut cependant mal inspiré en choisissant DE GALAIZIERE COMME CHANCELIER ; sa sévérité, les impôts excessifs, la multitude des charges introduites par les Fermiers généraux appauvrirent la région et provoquèrent une émigration massive dans le BANAT et dans la BATSCHKA (ancienne Hongrie)


Gros-Réderching pendant la REVOLUTION



Les habitants du pays de Bitche n’ont pas fait la Révolution, ils l’ont plutôt subie. Par la loi du 2 novembre 1789, les propriétés ecclésiastiques ont été confisquées et mises à la disposition de la nation.
La persécution contre le clergé fidèle a été provoquée par la loi du 27 novembre 1789 qui obligea tous les ecclésiastiques à prêter le serment de la « Constitution Civile » du Clergé.
Le clergé fut divisé en 2 camps, le clergé assermenté et le clergé réfractaire.
A Gros-Réderching, le curé et le vicaire refusèrent de prêter le serment constitutionnel. La population dans sa grande majorité soutint les prêtres fidèles dans l’exercice des offices religieux.
Les prêtres réfractaires continuèrent en secret d’exercer des fonctions du culte soutenus par la population désireuse d’affirmer la foi de ses ancêtres.
Le vicaire de Sarralbe a même baptisé, en 1793, à Gros-Réderching, des enfants de Wiesviller, Woelfling et Bliesbrück.
De nombreux habitants furent condamnés pour cause contre-révolutionnaire (environ 3 % de la population qui comptait alors 861 habitants).

Notre village n’a pas gardé de souvenirs douloureux de l’épopée napoléonienne.

Des rangs de sa population ont même émergé des gloires locales ainsi Jean EGUETHER, sous-lieutenant et porte-étendard, qui prit part à toutes les campagnes de Napoléon et qui fut décoré de la Légion d’Honneur en 1807. Après les guerres de Napoléon, il retourna à Gros-Réderching pour en devenir le maire de 1831 à 1840.


Gros-Réderching au XIXe et XXe siècle



De 1815 à 1870, notre région connut une longue période de paix.
Août 1870, la guerre contre la Prusse est imminente !
« De Preisse kumme » fut le cri douloureux lancé par nos ancêtres connaissant par avance la cohorte de misères et de deuils qui allait s’abattre sur notre village.
L’invasion déferla et la guerre continuera jusqu’au 15 mars 1871.
Notre région devient allemande après la capitulation de 1870.
A partir du traité de Francfort en 1871 qui divise la Lorraine, on parlera pour l’Alsace-Lorraine de « Terre Impériale ». La nouvelle province allemande est divisée en 3 régions qui deviendront La Moselle, le Bas-Rhin et le Haut-Rhin à leur restitution à la France en 1918.
La population refusera toujours cette annexion en refusant le drapeau allemand et en pavoisant le drapeau tricolore.
Mais le temps fait son œuvre ; petit à petit, on s’habitue aux nouveaux maîtres et la figure de la France s’estompe dans les brumes du souvenir.
Rares furent ceux qui à la veille de la première guerre mondiale surent encore dire quelques mots en français.



Gros-Réderching durant la Première Guerre Mondiale


Le 1er août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie, le 3 à la France. Le 4 août, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne.
Le lendemain, l’Autriche-Hongrie entre dans le jeu au côté de l’Allemagne.
La guerre en 1914 est d’abord celle des civils de toute nationalité enrôlés de force parce qu’ils sont en âge de porter les armes, sans autre considération.
Elle a été la première guerre industrielle et s’est faite par tous les moyens, des charges de cavalerie au corps à corps dans les tranchées, des bombardements aux chars d’assaut, des gaz au phosphore.
Elle a duré 4 ans et provoqué la mort de 8 millions d’hommes.
Gros-Réderching a payé un lourd tribut et 21 soldats y laisseront leur vie.
En souvenir de ces soldats tombés à la guerre fut érigé un monument commémoratif dont l’inauguration eut lieu le 25 juin 1923 en présence de toute la population.
Sur Gros-Réderching et sur toute la Lorraine flotte à nouveau le drapeau français.


Gros-Réderching durant la Deuxième Guerre Mondiale


De 1939 à 1945
1er septembre 1939 : les cloches sonnèrent à toute volée : ordre officiel d’évacuation !
Dans la douleur et la panique, on se prépara au grand départ dont la destination était Baignes en Charente.
Rapidement les troupes des occupants prirent possession du village contribuant à son délabrement. Le calvaire commençait.
L’Armistice de juin 1940 permit aux Lorrains de retrouver leur sol natal malgré la présence d’un ennemi brutal et mégalomane.
Des mesures sévères étaient prises contre tout ce qui pouvait rappeler la France.
La commune de Gros-Réderching formait une « Ortsgruppe » divisée en 2 « Zellen ». Cette « Ortsgruppe » était dirigée par un nommé ARMBRUSTER compatble de son état.
Le 25 avril 1941 fut une autre date douloureuse et à travers l’introduction du « Reichsarbeitsdienst » ou STO, service du travail obligatoire. Tous les jeunes gens de plus de 18 ans durent faire leur « Arbeitsdienst » au Reich.
Le 19 août 1942, l’Armistice est violée une fois de plus avec la mobilisation de tous les jeunes Lorrains.
Nos jeunes de Gros-Réderching essayèrent de résister mais devant la menace de déportation qui devaient frapper leurs parents, un grand nombre se résigna à rejoindre la Wehrmacht.
Le 1er septembre 1944, des Allemands quittent précipitamment le village promettant de revenir bientôt.les chasseurs-bombardiers survolaient constamment la région depuis début septembre.
Au mois d’octobre, en plein jour, un groupe de bombardiers américains lâcha tout son chargement de bombes à 500 m de notre village sans faire de victime.
L’attitude des « Nazis » fut particulièrement odieuse en cette fin de règne obligeant tous les hommes valides à creuser des retranchements qui devaient être d’une grande utilité pour la Lorraine (les Schanzer)


La Libération


L’Alsace voisine grâce aux actions conjuguées de la 2ème D.B. de Leclerc et la 7ème armée américaine du Général Patch était libérée dès novembre 1944.
Un épisode particulièrement glorieux pour les soldats de Leclerc fut la libération de Strasbourg le 23 novembre ; Leclerc en avait fait le serment à KOUFRA.
Ce jour-là, le drapeau français flotta à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg.

Laissons la parole à nos deux historien locaux Etienne HOLZRITTER et Gaston HOFFMANN …

A Gros-Réderching, en ce dimanche 3 décembre le bruit court que les Allemands ont vainement cherché à percer les lignes américaines et les ambulances affluent avec des blessés qui sont soignés à l’école. Le bruit de la bataille approchait et les premiers obus américains tombèrent sur le village le 6 décembre obligeant les habitants à se réfugier dans les caves. Cette situation perdura jusqu’au 10 décembre malgré un retour offensif des chars allemands.
Ce même jour, vers 10 heures du matin, les premières reconnaissances américaines pénètrent dans le village ; il s’agit des hommes du 104e régiment d’infanterie de la 26e Division ou "Yankee division" qui ont également libéré les villages d’Oermingen, Kahlausen et Achen.
Gros-Réderching est enfin libéré et pratiquement sans combat, mais cette libération est endeuillée par deux victimes civiles qu’il convient de mentionner :
KLEIN Willy né le 11 avril 1904, tué par un éclat d’obus le 8 décembre à Singling REBMANN Nicolas né le 16 juillet 1886 tué par une balle perdue le 12 décembre à Gros-Réderching.
Lorsque des éléments de l’armée Patton pénètrent en Allemagne le 15 décembre suivant, tout le monde s’accordera à dire que finalement la libération se sera passée dans les meilleures conditions possibles.
On était loin du compte…………………..

En effet, dès le 16 décembre, alerte générale : Hitler déclenche l’offensive des Ardennes connue sous le nom d’opération "Wacht am Rhein". C’était un plan ambitieux et une tentative désespérée pour influencer le cours de la guerre à l’ouest. Les plans alliés vont devoir être modifiés et sur le front lorrain la progression américaine est stoppée : toute la 3e armée du général Patton va faire mouvement vers le Luxembourg. Pour compenser ce départ, la 7e armée du général Patch va tenir un front qui s’étendra de Wissembourg à Forbach ; des lignes dangereusement étirées avec la 44e division d’infanterie américaine déployée de Rimling à Sarreguemines et la "Century" du major Burress entre Rimling et Bitche. Le 22 décembre 1944, voyant que l’offensive des Ardennes n’obtenait pas les résultats escomptés et sachant le front de la 7e armée U.S. sérieusement dégarni, le Führer va déclencher l’opération « NORDWIND », la dernière grande opération militaire à l’ouest.
Malheureusement pour lui, les services de renseignements américains s’étaient rendus compte dès le 26 décembre des préparatifs de la contre attaque allemande et le général Eisenhower envoya à la 7e armée d’importants renforts, notamment la 2e D.B. Française du général Leclerc établie dans la région d’Erstein et de Sélestat en Alsace depuis la libération de Strasbourg en novembre 1944.
A Gros-Réderching, en ce Noël 1944, les fantassins stationnés dans le village depuis la libération commencent à plier bagages ; c’est mauvais signe, bientôt le village est désert et c’est le calme avant la tempête………LA TEMPETE DU VENT DU NORD.

Le 31 décembre 1944 vers 23h30, les grenadiers du 17e régiment S.S. « Goetz von Berlichingen » vont se lancer à l’attaque des positions américaines établies sur les hauteurs allant de Bliesbrück à Rimling. Sans préparation d’artillerie afin de bénéficier de l’effet de surprise, les Allemands dopés par l’alcool généreusement distribué, vont s’acharner d’une manière suicidaire à percer les lignes américaines. La bataille va faire rage toute la nuit et une bonne partie du jour de l’an 1945 sur les hauteurs d’Obergailbach et autour des fermes de Morainville et de Brandelfing; les hommes du 37e panzer grenadier régiment subissent des pertes effroyables et tout le secteur est parsemé de morts. Ce n’est que lorsque les fantassins américains battent en retraite devant les attaques incessantes que l’artillerie américaine va se mettre de la partie pour effectuer des tirs de barrage meurtriers.
Dans le village, en toute hâte, encore une fois, de nombreux habitants, pas tous, fuient le 1 et le 2 janvier en direction d’Achen et d’Etting ; ce départ ayant lieu dans les pires conditions : les animaux attelés à des charrettes surchargées avançaient péniblement dans la neige et les routes verglacées au milieu des troupes en repli.
Au matin du 2 janvier 1945, les Allemands avaient atteint la voie ferrée Sarreguemines Bitche près de la ferme de Brandelfing, les Américains, malgré une résistance tenace, ne sont plus de taille à résister à une attaque sérieuse et se replient sur une ligne de défense située plus au sud.

Entre temps, la 2e D.B., rattachée à la 7e armée du général Patch, partie d’Alsace dans la nuit du 31 décembre va arriver dans la région au matin de cette même journée dans des conditions climatiques épouvantables et le groupement tactique Langlade prendra position dans un secteur allant de Kalhausen à Oermingen et de Butten à Rahling. Le sous groupement Minjonnet s’installera sur les hauteurs d’Oermingen alors que celui de Massu ira à Rahling. Alors que le déploiement des troupes françaises se termine dans la soirée, le général Leclerc était arrivé à Diemeringen pour prendre le commandement du secteur.
Le repli américain du 2 janvier 1945 va créer des brèches que vont utiliser les hommes du 38e panzer grenadier régiment du commandant Kaiser. Dans la nuit de 2 au 3 janvier 1945, un groupe d’assaut formé de 3 bataillons, un groupe de canons automoteurs et de chars lance-flammes va percer les lignes américaines, s’emparer de Gros-Réderching et atteindre également Achen plus au sud dans la matinée. Leclerc, informé, décide de réagir et dès 9 heures du matins, des consignes sont données au s/groupement Minjonnet pour contre attaquer à Achen. Ce ne sera qu’au milieu de la journée que le commandant Gribius reprendra la localité avec 2 pelotons de chars et de l’infanterie américaine venue de Wittring ; de violents combats de rue se dérouleront principalement près du carrefour de l’église et dans la partie nord et nord-est d’Achen. A la tombée de la nuit, la canonnnade faiblit et profitent de l’obscurité, des groupes d’Allemands décrochent et se replient en direction de Gros-Réderching.

Alors que les combats font rage à Achen, le général Langlade donne l’ordre au lieutenant colonel Massu de reprendre Gros-Réderching par l’est. Parti au alentours de 14h00 de Rahling, le sous groupement progressant par la vallée d’Altkirch en pleine tempête de neige n’arrivera que vers 16 heures de l’après-midi, l’infanterie et les chars investissant le village par le sud et l’est après un vif combat près du cimetière et aux lisières sud. A la tête du 2e peloton du 12e R.C.A., le lieutenant Rives Henrys chargé de l’action principale, sera grièvement blessé d’une balle dans la nuque à la tourelle du char « Maurienne ». Le nettoyage du village sera entrepris par 2 sections de la 6e compagnie de 2e R.M.T. du capitaine Langlois qui font des prisonniers mais ne parviendront pas à se rendre complètement maître des lieux. D’ailleurs, Langlois sera capturé dans la soirée par un groupe ennemi alors qu’il se rendait à un de ses points d’appui.
De nombreux foyers de résistance subsistent et de plus renforcés d’une manière continuelle par des éléments retraitant d’Achen. C’est pour cette raison que le général Langlade demandera avec insistance aux Américains de la 44e division d’infanterie de relever au plus vite le sous groupement Massu dont l’infanterie n’était pas assez nombreuse pour tenir de manière durable le village.

En fait, l’état major de la 17e panzer grenadier division, sachant que ses troupes étaient bloquées, avait prévu dès le 3 janvier au soir de déclencher une attaque ayant pour but d’empêcher d’une part les Américains de relever les Français et d’autre part de briser l’encerclement à Gros-Réderching puis à Achen.
Vers 1 heure du matin, ce 4 janvier 1945, un groupe de combat S.S. empruntant l’itinéraire prévu par les Américains, arrive à l’entrée nord en profitant de l’effet de surprise et de l’obscurité. Aveuglant les équipages des chars fançais avec des fusées éclairantes, il ouvre le feu et met hors de combat, l’un après l’autre, les chars « Languedoc, Iseran, Savoie 2 et Maurienne ». L’infanterie de la 6e compagnie alertée par les tirs, se précipite hors des caves et essaie de réagir en tiraillant dans toutes les directions ; mais mitraillée à bout portant par les Allemands ayant suivi le char ennemi, elle ne peut guère résister, d’ailleurs comment se reconnaître dans la nuit noire ?

La suite du combat est extrêmement confuse et les Allemands, profitant de leur avantage, vont se rendre rapidement maître de Gros-Réderching et récupérer leurs éléments disséminés dans le village. Vers 3 heures du matin, devant une situation plus que compromise, Massu donne l’ordre à tous ses hommes de se replier sur Dehlingen en même temps qu’un déluge de fer et de feu s’abat sur le village pour couvrir la retraite des Français. Les troupes allemandes ayant forcé l’encerclement n’insistèrent pas, et leur coup de main réussi, évacuent rapidement la localité dans la matinée en direction de leurs lignes.
Durant toute la journée de 4 janvier le village sera vide de troupes, chacun des deux camps restant sur ses positions et ce n’est que le jour suivant qu’un escadron de 12e R.C.A. soutenu par le 253e régiment d’infanterie U.S. va enfin reprendre le village. Cette seconde libération demanda malheureusement une nouvelle victimes civile : celle du jeune KREMER Marcel né le 14 juillet 1934 et tué le 5 janvier 1945 par un éclat d’obus.

Gros-Réderching est définitivement libérée cette fois-ci et bien que la ligne de front ne soit éloignée que de quelques kilomètres, les Américains s’y installeront jusqu’à mi-mars 1945, date de la grande offensive qui les mènera jusqu’au cœur du Reich allemand.

Les pertes ont été lourdes pour tous les belligérants et le rapport du Lieutenant Colonel Massu, de passage à Gros-Réderching le 6 janvier, fait état de 10 tués et de 15 blessés du côté français. Une plaque commémorative apposée sur le mur de l’église paroissiale en leur mémoire a été inaugurée en novembre 1953 par Mme la Maréchale Leclerc.
Depuis ces tragiques évènements, la 2e D.B. fait partie de la mémoire collective de notre commune et elle est toujours accueillie avec ferveur par la population lors de manifestations patriotiques.
Les combattants de la 26e et de la 44e division d’infanterie U.S. ont payé un lourd tribut pour la libération de notre région, ne les oublions pas au cours des célébrations de ce soixantième anniversaire des combats de la libération.

Témoignages des civils
M. René KLOCK

« Le 3 janvier 1945, au lever du jour, tout était calme, plus aucun tir, plus aucun bruit.
Vers 9 heures, un groupe d’Allemands apparaît à l’entrée du village au lieu dit « Wetzel sin berg » et peu de temps après, un officier allemand, pistolet en main, coiffé d’une casquette avec l’insigne de la tête de mort, un officier S.S. par conséquent, nous demande des précisions sur la présence de soldats américains dans le village. Devant notre réponse négative, il rejoint ses hommes à l’entrée du village et bientôt 5 chars lance flammes entrent dans le village suivis par l’infanterie.
Sans aucun coup de feu, Gros-Réderching est de nouveau occupé par les troupes allemandes alors que les obus américains commencent à tomber. Lorsque les balles ont sifflé autour de nos oreilles et que des morceaux de crépis nous sont tombés sur la tête, nous sommes descendus à toute vitesse nous mettre à l’abri.
Nous étions à peine remis de nos émotions que nous entendons le bruit de chars qui s’approchent mais personne n’osait sortir car il commençait à faire nuit. Le passage des chars faisait trembler la maison alors que l’on entendait au loin des coups de fusil.
Puis ce fut le silence, troublé seulement par de nouveaux bruits de pas et cette fois des voix françaises.
La peur nous avait ôté toute envie de dormir, quand vers minuit, ça commençait à tirer de tous les côtés.
Le 4 janvier, au matin, nous avons osé sortir de la cave et nous avons constaté avec horreur que la rue était jonchée de morts tant Allemands que Français. Tout était mélangé : fusils, munitions de toutes sortes, casques, calots, vêtements tachés de sang et surtout un tas de douilles provenant de tirs de canons de chars. Tout ceci était éparpillé entre la première maison près du pont et le « Paxeberg ». La maison de M. Schwartz Nicolas et celle de la quincaillerie Schmitt étaient en feu à cause de deux chars lance flammes allemands qui y avaient trouvé refuge et qui avaient été incendiés par leurs équipages.
Comme tout était calme, plusieurs soldats français dont certains étaient blessés, et qui s’étaient cachés lors des combats de nuit, ont refait leur apparition et nous ont parlé des évènements de cette terrible nuit.

Ce n’est que le 5 janvier que les Américains sont revenus et ceci sans le moindre incident car le village était désert.

M. Albert WEYANT

« Le soir de Noël 1944, un officier américain originaire de Bielefeld en Allemagne, nous donne la traduction d’un rapport allemand sur les évènements à venir. Ce rapport faisait état d’une attaque allemande prévue à la fin de l’année entre Noël et le Nouvel An.
A cette période, nous dormions encore dans les chambres car les Américains étaient toujours dans le village.
Tout se gâte pourtant dès le 31 décembre 1944 lorsque l’artillerie allemande commence à tirer sur le village, des éclats traversent les fenêtres et beaucoup de personnes se réfugient dans les caves des maisons ; certaines familles quittent le village en direction de Kalhausen.
Des avions avec des marques américaines survolent le village dans la journée du 2 janvier 1945 et lâchent des bombes qui tombent sur les maisons « Piros » et « Schmitt Alfred ».
Puis tout redevient calme, car les Américains vont quitter le village dans la nuit du 2 au 3 janvier 1945.
A 8 heures du matin, le 3 janvier, l’infanterie allemande et des chars lance-flammes venus par le « Krähwäldchen » apparaissent et progressent de maison en maison.
Après les combats violents dans la nuit du 3 au 4 janvier, plusieurs maisons étaient en flammes : après les maisons «Armbruster », « Wetzel André » et « Zins Edouard », ce sont les maisons où les chars lance-flammes avaient trouvé refuge qui avaient brûlé ainsi que les chars eux-mêmes, probablement incendiés par leurs équipages lors de leur retraite dans la matinée du 4 janvier 1945.
Ils avaient bien essayé de récupérer celui caché dans la grange de la maison « Schoenhentz », mais ce dernier tombera en panne d’essence devant la maison « Klock » dans la rue principale, soit 300 mètres plus loin.
Après le retour des Américains, nous avons quitté le village le 9 janvier 1945


La fête de la LIBERATION



La fête de la Libération fut célébrée le 15 juillet 1945. Un cortège avait été organisé jusqu’au Monuments aux Morts. Là, le curé, Monsieur Schmitt, et un jeune « Malgré-Nous » prononcèrent de vibrantes allocutions en hommage à tous les morts de la guerre.

Sources :
« Gros-Réderching et ses annexes » par Joseph ROHR
« Au cœur de la tourmente » Etienne HOLZRITTER et Gaston HOFFMANN


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